HistoireLa RTF, à l’étroit rue Cognaq Jay, acheta en 1952 les vétustes studios Gaumont dont la majorité des bâtiments dataient de l’age d’or du muet mais ceux ci brûlèrent en février 1953. C’est L’architecte Chatelan qui dressa les plans du nouvel ensemble qui reprendra peu à peu toute la surface de l’ancienne cité Elgé (1) (c’est à dire le carré limité par la rue des alouettes, la rue Carducci , la rue de la Villette et les anciens réservoirs des Buttes Chaumont) Ce nouveau centre devait être destiné à la production des grandes émissions de variétés avec des plateaux de 300 à 800 m2. Il fut baptisé René Barthélémy en hommage à un des inventeurs de la télévision. Il sera construit en trois phases. |
Le bâtiment des studios comprenait:
- au rdc 4 salles de répétition, les loges des artistes et les locaux techniques électriques,
- au premier il y a 4 grands studios: le 11 (300m²) , le 12 (300m²) , le 13 (250 m²) (2) et le 14 (600m²), une salle de montage des décors de 500m² et une menuiserie,
- au second se trouvaient les locaux techniques et les régies,
- au troisième les bureaux,
- au quatrième, la maintenance vidéo, les télécinémas, les salles de projection et de montage.
Les moyens techniques sont alors assez frustes, les caméras sont à tourelle avec objectifs fixes (2) et la régie des studios 12 et 13 est assurée par des cars de reportage garés dans un passage menant à la rue Carducci
Les émissions sont en direct et pour la plupart non enregistrées (3). Les différés ( dramatiques, reportages de 5 colonnes à la une) sont filmés en 16mm (4) et son magnétique puis diffusés par des télécinémas à double bande 16mm perforées, l’une pour l’image, l’autre pour le son magnétique (cette technique rappelle le système Gaumont des années 20).
Il y aura alors au total 8 studios de 80m2 à 450m2.
Au second étage se trouvait les régies et les moyens techniques, au 3eme étage le centre de communication.
Il y a en outre des ateliers (décorateurs, couturiers, bottiers, armuriers,..), des magasins de décor et des salles de répétition.
En 1961 des enregistreurs magnétiques RCA sont installés au 3ème étage (5).
Le centre des Buttes Chaumont devient le plus important des 6 centres de l’ORTF, par exemple on réalise en 1965 dans les 4 grands studios 71 “dramatiques” et 34 “variétés”En 1966 on construit entre le bâtiment existant et la rue des alouettes deux grands studios supplémentaires : le 15 de 670 m2, 20 m de hauteur et le 16 de 470 m2. La grande nouveauté est le gril muni de projecteurs télécommandés se déplaçant sur un “damier”.
En 1967 les studios 13 et 14 sont équipés pour la couleur SECAM.
Le studio 17 (700m2) est inauguré en 1969.
Le 11, le 12 et le 14 sont affectés principalement aux dramatiques. Au studio 17, c’est alternativement Maritie et Gilbert Carpentier, et le duo Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. Le Grand Echiquier de Jacques Chancel est réalisé au studio 15. Le 13, plus petit, est utilisé pour les magazines et les “scolaires” mais aussi pour “les raisins verts” (6), Jean-Christophe Averty travaille dans ce studio pendant 20 ans.
Une centaine d’émissions dramatiques, 200 variétés , les émissions scolaires, .. telle est la production annuelle des studios.
Pour plus de détails sur la télévision des années 50 à 70 en France, consultez ce lien.
La SFP reprenait les studios des Buttes Chaumont. Elle possédait alors les studios Francoeur, ceux de Bry, le théâtre de l’Empire, le quai Kennedy et Issy les moulin eaux.
Les studios contenaient une enclave de TDF constituée de la tour relais et de son centre de contrôle. S’estimant à l’étroit TDF fait construire la tour du fort de Romainville (7) qui remplacera celle des Buttes en 1986.
Il ne reste rien aujourd’hui, ni de la cité Elgé, ni des studios de l’ORTF ( pas même une plaque commémorative).
1) La télévision “hérite” des studios de cinéma de la région parisienne.
La cité Elgé,ce sont les anciens studios Gaumont passés dans les années 30 sous le contrôle de “Radio-cinéma”, une société filiale de CSF.
En 1958 la RTF disposait en matière de studios de:
- 13-15 rue Cognacq-Jay ( premier centre de télévision)
- Buttes Chaumont, 10 rue Carducci, 42-46 rue des alouettes ( Anciens studios et ateliers Gaumont, 2eme centre de télévision)
- Studios Francoeur , 6 rue Francoeur ( Pathé à l’origine, c’est là que sera tourné en 61 les Perses d’Eschyle, la première émission stéréo de la télévision dont le 2eme canal sonore était assuré par France IV ( futur France Musique).
- Studios Paris Télévision, Boulogne, 6 rue du fief
- Studios de Joinville 128-22 avenue Galieni ( origine Pathé)
- La Varenne St Hilaire 3 rue Boileau
1) Le zoom apparaîtra en 1959 avec la Thomson THT 628. La caméra de studio NB la plus répandue fut la Thomson THT 679. La couleur apparaîtra en 1967 avec la caméra 4 tubes ( RVB+luminance) CSF CC501.
3) On dispose tout de même, dès 1956, de l’ancêtre du magnétoscope: le kinescope. Cet appareil enregistre sur pellicule 16mn l’image d’un moniteur vidéo. Beaucoup d’émissions n’ont pas été enregistrées ou leur enregistrement a été perdu ou détruit, par exemple il n’y a que 3 enregistrements intacts de 1956.
4) par la caméra Éclair NPR ( noiseless portable reflex) Coutant . Cette caméra est silencieuse et son moteur est contrôlé par quartz, le défilement est donc parfaitement régulier ce qui permet la synchronisation du son enregistré par exemple sur un Nagra ou un UHER 4200 modifiés pour accepter de la bande magnétique avec perforations. Pour la diffusion un télécinéma fait défiler les deux bandes 16mm, son et image, en synchronisme.
5) Vers 1960 apparaissent les enregistreurs magnétiques 2 pouces. Le système est dit quadruplex car il y a 4 têtes tournantes qui enregistrent l’image verticalement. Les émissions sont couramment enregistrées mais comme le support est onéreux il est souvent “recyclé”.
En 1980 apparaît l’enregistrement hélicoïdal sur bande 1 pouce.
6) avec Michelle Arnaud, Boby Lapointe, Philippe Clay, Gainsbourg, le professeur Choron,, les ballets de Dirk Sanders … et surtout l’humour noir et les trucages
Le premier truqueur radio industries à tubes date de 58 ( volets, médaillon, index baladeur) , vers 64 apparait le truqueur CSF à transistors. Un truqueur ne pouvait mélanger que deux images aussi les utilisait t’on en “série” ( Ubu roi en 1965= 4 truqueurs, 2 mélangeurs et une sonde)
7) Entreprise en 1983 après rachat d’un terrain à l’armée, elle est en vérité située sur la commune des Lilas ( car la commune des Lilas ne sera créée qu’en 1867 après la construction du “fort de Romainville”).
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La première phase de construction rue Carducci. A gauche subsiste des bâtiments Gaumont Le bâtiment au premier plan à gauche est le lycée Jules Richard |
La tour dont l’architecte est Roger Faraut et une moitié du bâtiment de la rue des alouettes sont construits | Le centre des Buttes Chaumont complet avec la tour |
Sites et références
- Revue “Télévision” mai 1958
- Télécinéma et kinescope
- La télévision des années 50: télécinéma, kinescope et 16mm
- La télévision des années 50 et 60: le reportage
- La télévision des années 60: le début de l’enregistrement magnétique
- La télévision des années 60: les trucages
- La télévision des années 70: magnétoscopes et microcams
- Adieu les Buttes Chaumont !
- La video INA sur les studios
- Le tour des bistros autour des studios (qui eux existent encore)
- L’âge d’or de la télévision: 1945-1975. Jean-Jacques Ledos
- Système double bande
- Histoire de la télévision Française
- Autre histoire de la télévision
- CHTV (comité d’histoire de la télévision) ( voir les bulletins)
- Les caméras de télévision ThomsonCSF
- Technologie des tubes de caméra (orthicon, vidicon, plumbicon,…)
Vue d’avion vers 1950 les anciens studios Gaumont.
Sur la photo, en bas au centre verticalement, le grand studio construit en 1905
Le demi cercle en haut est le réservoir des Buttes Chaumont qui alimentait le parc et les abattoirs de la Villette, il fut détruit dans les années 2000.
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Le grand studio après l’incendie de 1953 | ||
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Vue d’avion les anciens studios Gaumont dans les années 50 En bas de la photo, verticalement, se trouve le grand studio de 1905. En haut les réservoirs des Buttes Chaumont qui alimentaient le parc et les abattoirs de la Villette, ils furent détruits un peu après les studios de la SFP. |
Les studios dans les années 80 Au premier plan le lycée Jules Richard fondé par le créateur du Verascope et dont l’usine était tout près, rue Mélingue |
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Car de reportage 4 caméras qui fut utilisé comme régie aux débuts du studio | Les télécinémas du quatrième étage. | Télécinéma avec son magnétique. On a pour la partie optique deux projecteurs commutables de part et d’autre du vidicon.et pour la partie son deux dérouleurs de bande magnétique perforée |
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Une régie au second étage en 1958 | Une régie des Buttes en 1979 dans le film “la gueule de l’autre” de Pierre Tchernia | Magnétoscope quadruplex RCATR22 Les magnétoscopes s’imposeront très lentement. Il faut dire qu’au début il s’agit d’engins délicats et que le montage se fait en coupant/ collant la bande avec l’aide d’un microscope. |
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